La Belgique aura un gouvernement
26. září 2011 Mathieu Detaille komentářeÀ la fin, on n’y croyait plus. Et pourtant, sous nos yeux incrédules, la Belgique trouve petit à petit le chemin de la formation d’un gouvernement fédéral de plein exercice. Cet événement majeur, à près de 500 jours de crise, apporte aux futurs ministres une crédibilité inespérée... qu’ils n’auraient certainement pas eu s’ils avaient formé un gouvernement dans des temps raisonnables.
À la fin, on n’y croyait plus. Et pourtant, sous nos yeux incrédules, la Belgique trouve petit à petit le chemin de la formation d’un gouvernement fédéral de plein exercice.
Cet événement majeur, à près de 500 jours de crise, apporte aux futurs ministres une crédibilité inespérée... qu’ils n’auraient certainement pas eu s’ils avaient formé un gouvernement dans des temps raisonnables.
Bien entendu, un événement de cette ampleur n’est pas venu de lui-même. Les dirigeants politiques aux commandes ont dû faire des choix vitaux à la fois pour le pays et leur formation politique. Sans ceux-ci, la Belgique allait tout droit vers des élections comportant un risque majeur de déstabilisation de l’État. Nous allons donc nous pencher sur ces décisions inespérées.
Premier acte, au mois de juillet : Elio Di Rupo, devenu formateur gouvernemental, fait une proposition à l’ensemble des partis autour de la table. La N-VA, parti nationaliste flamand, grand gagnant des élections, pose son veto. Le second parti flamand, le CD&V, pose également son veto. Puis virevolte pendant une semaine avant de faire face : il acceptera de négocier sur base de la proposition d’Elio Di Rupo. C’est un tournant majeur pour le CD&V, car c’est la première fois qu’il se détache de la N&VA depuis le début de la crise, et alors qu’ils ont énormément d’intérêts communs, à la fois politiques et stratégiques.
Second acte, courant septembre : Le MR, parti libéral francophone en réalité composé de 3 branches distinctes, lâche les positions de sa branche FDF au sujet des communes à facilités linguistiques autour de Bruxelles. C’est une décision majeure également, car il remodèle le paysage politique à Bruxelles et en Wallonie, créant de facto un nouveau parti libéral en plus du MR. Le FDF est intransigeant avec les revendications flamandes, alors que le MR sans le FDF est plus consensuel.
Le CD&V et le MR ont décidé de prendre un risque vis-à-vis de leur électorat. C’est la première fois depuis de nombreuses années que des politiciens belges sont capables de prendre des décisions risquées.
Troisième acte, le 16 septembre : Conséquence des deux premiers actes, l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvoorde, dit BHV, est scindé. C’est historique. Méli-mélo de particularités institutionnelles visant à la fois à respecter le droit du sol (idéal flamand) et le droit des gens (idéal francophone), cet arrondissement posait problème depuis 48 ans. Avec l’accord engrangé, il ne sera plus possible aux Francophones de voter en Flandre pour des partis francophones. Désormais, s’ils souhaitent le faire, ils devront se déplacer à Bruxelles, ou voter pour un parti flamand s’ils souhaitent voter dans leur commune. En contrepartie, ce droit de voter à Bruxelles, région bilingue, sera inscrit dans la Constitution par une loi spéciale – dont le vote nécessite une majorité des 2/3 à la fois chez les Flamands et chez les Francophones.
Quatrième acte, le 24 septembre : Un accord sur la loi de financement est trouvé. Cette loi, fondamentale dans un état fédéral, organise la répartition des finances entre les différentes entités. La Flandre souhaitait plus d’autonomie fiscale, Bruxelles souhaitait plus de moyens pour répondre à ses besoins de triple capitale (Flandre, Belgique, Union européenne), la Wallonie souhaitait qu’il n’y ait pas de concurrence fiscale entre les régions. Les partis ont trouvé une réponse à ces revendications, mais l’ont ne connaît pas encore à l’heure qu’il est le détail de ces mesures.
Ainsi la Belgique, doucement, retrouve le sens des compromis. Et la 6ème réforme de l’État sculptera à nouveau des contours, qui sans aucun doute seront l’objet de discordes futures. Parmi celles-ci, paradoxalement, se trouve le renforcement de l’État fédéral et de certains nouveaux droits des Francophones. Car cette réforme protège leurs droits et certaines compétences de l’État fédéral comme un bunker. Si un jour ce devait être remis en question, la crise n’en serait que plus grave. Mais ! Tempérons : au plat pays, après cette crise, le sens du mot grave a perdu de sa superbe. Les situations critiques, les moments majeurs, les emportements dramatiques se sont succédé, mais tout le monde a survécu. Pour peu, nous en deviendrions flegmatiques.
Odpovědná redaktorka : Selma Hamdi
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Detaille, Mathieu. La Belgique aura un gouvernement [online]. E-polis.cz, 26. září 2011. [cit. 2024-09-09]. Dostupné z WWW: <http://www.e-polis.cz/clanek/la-belgique-aura-un-gouvernement.html>. ISSN 1801-1438.
Autor: Mathieu Detaille
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